États-Unis, 1942-50

Porte-avions classe Essex

En Mars 1941, le premier de la série de porte-avions lourds la plus prolifique de l’histoire commençait avec la pose de la quille de l’USS Essex dans son bassin de Newport News. La genèse de ces navires exceptionnels (juin 1939) par leurs qualités propres comme leur vie active se trouve dans la décision d’épauler les trois Yorktown de la flotte du Pacifique, dont le troisième, le USS Hornet, était encore en voie d’achèvement : il fut lancé en décembre 1940. Pour l’essentiel, ils reprenaient les qualités de ces bâtiments précédents, mais sans se soucier cette fois du respect des traités, tombés en désuétude à la survenance du conflit. Les Essex sont donc une classe spécifiquement conçue dans une période de guerre, incluant nombre d’améliorations induites par les événements.

 

Le USS Intrepid, l'un des plus fameux PA lourds de la Seconde Guerre mondiale

Le USS Intrepid, l’un des plus fameux PA lourds de la Seconde Guerre mondiale

 

 

Porte-avions d’escadre type, ils restaient très rapides, avaient un grand pont d’envol à ascenseur latéral (ils furent les premiers au monde avec le USS Wasp à inaugurer ce système qui libérait le centre du pont), ils devaient embarquer beaucoup plus de carburant et de munitions (deux fois plus que précédemment, et de mazout pour une autonomie bien supérieure.). Un souci de dégager de l’espace qui se remarquait aussi par la passerelle repoussée encore plus sur le flanc. Le hangar était à peine plus grand cependant, et la capacité d’emport aéronautique inchangée: 91 appareils (mais une capacité maximale de 108), à la base et en opération, 36 chasseurs (Wildcat puis très vite Hellcat et Corsair), 37 bombardiers en piqué (Dauntless puis Helldivers) et 18 bombardiers-torpilleurs (Avenger).

Leurs turbines avec des chaudières haute pression d’un nouveau modèle développaient 150 000 cv, ce qui leur donnaient une vitesse de 32,7 nœuds, légèrement supérieure aux Yorktowns avec cependant 10 000 tonnes de plus sur la balance. L’espace à bord, ce qui était aussi valable pour les croiseurs, et même les submersibles était un confort très apprécié, mais à vocation utilitaire. Les Essex avaient donc en ce sens un espace largement supérieur du fait de leurs dimensions, mais également un hangar mieux protégé avec notamment deux ponts blindés, dont -grande nouveauté- celui des hangars, protégeant les machines, soutes et citernes.

Enfin (et surtout), les Essex reçurent une DCA nettement plus imposante, avec dès le départ une batterie de 4 pièces de 127 mm supplémentaires, 8 en tourelles standard, et 8 affûts quadruples de 40 mm en plus de 46 Oerlikons en affûts simples de 20 mm. Cette artillerie fut renforcée pour les bâtiments sortant des chantiers en 1944-45, disposaient de 18 à 31 affûts quadruples (de 72 à 124 canons) et de 61 à 70 de 20 mm, en affûts simples et doubles et même parfois des mitrailleuses de 12,7 mm en affûts quadruples (sur le USS Lexington, second du nom.).

24 unités seront construites, pour 17 qui virent les combats de la seconde guerre mondiale. Lorsque le premier de la série, le USS Essex entra en service, ce fut le 31 décembre 1942. Symboliquement, car à ce moment, même après le triomphe inattendu de Midway, l’US Navy avait perdu en plus de sa ligne de bataille de cuirassés les porte-avions USS Yorktown, Hornet, Wasp et Lexington. Seuls restaient l’Enterprise et le Saratoga en première ligne. Autant dire que les Essex allaient apporter un ballon d’oxygène inespéré aux forces de l’US Navy. Toutefois l’Essex ne fut opérationnel dans le pacifique qu’en mai 1943. A cette époque déjà les choses étaient en train de basculer. Il fut rejoint par les 16 autres bâtiments qui jouèrent un rôle central dans toutes les opérations de reconquête. Certains avaient d’ailleurs étés renommés d’après les unités perdues au début de la guerre, le Yorktown, le Lexington, le Wasp, le Hornet ou plus tard le Princeton. Ils étaient le pivot des grandes Task-Forces et subirent la furie des Kamikazes. Malgré de très sévères avaries, comme celles que subit le Franklin, presque réduit à l’état d’épave et obligé de se traîner hors du secteur à risque en déployant à l’avant de son pont d’envol une voile de fortune, aucun ne fut coulé, ce qui prouve la valeur de leur protection.

Décrire leur carrière opérationnelle unité par unité prendrait trop de temps, mais ont peut d’ores et déjà dire sans une seule perte, ils formèrent le pivot de l’US navy durant la première moitié de la guerre froide. Ils furent modernisés progressivement dans les années 50 au standard de l’Oriskany, le dernier de la série lancé en 1945 (octobre) et achevé en septembre 1950 avec un pont d’envol entièrement nouveau destiné à faciliter le décollage et l’atterrissage de jets. Leurs grandes dimensions permettaient d’ailleurs de passer à ce type d’appareils de première génération, et ils jouèrent un rôle central en Corée. La plupart furent ensuite reconvertis en porte-hélicoptères et plates-formes de soutien aérien opérant des Douglas Skyraiders en Corée et pendant le Viet-nâm. Mais les années 70 virent les derniers partir à la retraite, après une deuxième modernisation à la fin des années 50. 7 étaient encore sur les listes de réserve en 1980. L’un d’eux, le USS Lexington, existe toujours comme navire-école. Il a d’ailleurs participé au tournage du film Pearl Harbor en 2001 dans le rôle d’un …porte-avions japonais.

Voici la liste des unités, avec la date d’achèvement:

1943 :

-USS Essex

-USS Yorktown

-USS Intrepid

-USS Hornet

-USS Lexington

-USS Bunker Hill

-USS Wasp

1944 :

-USS Franklin

-USS Ticonderoga

-USS Randolph

-USS Hancock

-USS Bennington

-USS Shangri-la

-USS Bonhomme Richard

1945 :

-USS Antienam

-USS Boxer

-USS Lake Champlain

Après la capitulation:

-USS Princeton

-USS Tarawa.

1946 :

-USS Kearsage

-USS Leyte

-USS Philippine Sea

-USS Valley Forge

1950 :

-USS Oriskany

 

Spécifications techniques

Déplacement 27 208 t. standard -34 880 t. Pleine Charge
Dimensions 265,78 m long, 44,95 m large, 8,4 m de tirant d’eau
Machines 4 hélices, 4 turbines Westinghouse, 8 chaudières Babcock & Wilcox, 150 000 cv.
Vitesse maximale 32,7 nœuds
Blindage Ponts 65 et 45 mm, ceinture 100-65 mm
Armement 12 canons de 127 mm, 32 canons de 40 mm (8 x 4), 46 de 20 mm AA, 91 appareils
Équipage 2 682