États-Unis, 1942-45

Acteurs incontournables, bien que modestes et relativement onéreux, des combats menés dans le pacifique, les « PT-boats » se sont forgés une véritable légende. Ils trouvèrent immédiatement leur utilité au sein des hauts-fonds des innombrables réseaux d’îles, lagons et archipels du pacifique sud-est, opérant en étroite collaboration avec les US Marines et servant de « bonnes à tout faire », allant de l’appui au sol, de transports de troupes, de ravitaillement, de couverture de DCA, de patrouilleurs ASM, et naturellement de vedettes lance-torpilles, menaces pour les unités légères alignées par les Japonais, allant de leurs propres vedettes à des destroyers ou même des croiseurs, en passant par les chalands de débarquement.

L’un du plus beau succès obtenu en opération reste sans conteste l’attaque réussie d’un « super-destroyer » nippon de la classe Akitsuki, le Terutsuki, qui fut envoyé par le fond à Guadalcanal. Mais pour les presque 800 unités construites jusqu’en 1945 qui effectuèrent des milliers de sorties, le tableau de chasse était tout à fait considérable, avec des centaines d’unités coulées et un millier plus ou moins gravement endommagées. Les PT boats enregistrèrent également des pertes, notamment dans des duels sans merci contre des unités plus lourdes. C’était en général des « vedettes » bien plus lourdes et plus lentes celles déployées par les alliés, les petites MTB de chez Thornycroft, les MAS de Baglietto ou les G5 de Tupolev. Ils avaient plus à voir avec les « Fairmile » Britanniques, les MS Italiens ou les D3 Russes.

 

Le USS PT109 de John F. Kennedy, à Guadalcanal en novembre 1942

Le USS PT109 de John F. Kennedy, à Guadalcanal en novembre 1942

Panorama des types principaux de PT-Boats: En haut: Elco, milieu, Higgins, en bas Huckins

Panorama des types principaux de PT-Boats: En haut: Elco, milieu, Higgins, en bas Huckins

Leurs dimensions généreuses permettaient en effet d’adapter une variété d’armements « à la carte » assez considérable, que les commandants d’unités (dont John F. Kennedy le célèbre PT109), modifiaient selon les possibilités et missions à effectuer. L’un des éléments frappants de leur souplesse d’utilisation étaient le grand nombre de bases plus ou moins improvisées qui étaient disséminées sur le théâtre d’opération, à quelques nautiques parfois de garnisons ou de bases Japonaises. Chacune était régulièrement ravitaillée en carburant et en matériel, gérée administrativement, pouvait procéder aux installations et réparations nécessaires et mettre en œuvre de 5 à 40 PT-Boats selon son importance.

Ces PT-Boats furent construites en masse par quatre firmes principales : Elco, Higgins, Vosper et Huckins. Bien que les deux premières restent majoritaires, les Vosper étaient d’origine Britannique, construit et transférés en « resverse lend-lease » tant il est vrai que l’expertise Britannique en la matière était mondialement reconnue. 768 unités seront construites au total. La doctrine traditionnelle de l’US Navy, héritée de Mahan et faisant l’impasse sur la « poussière navale » eut cependant recours à des vedettes en grand nombre pendant la prohibition, patrouillant contre le trafic de Rhum sur les grands lacs en provenance du Canada. Des vedettes Thornycroft avaient été achetées à titre d’essai à la fin de la grande guerre, et en 1939, au moment du déclenchement des hostilités, plusieurs prototypes furent ordonnés, dont un construit en grande-Bretagne, chez Hall-Scott, qui devint rétrospectivement le 9e de ces prototypes (PT9) et l’ancêtre direct des PT-Boats.

Rapidement les PT10 à 19, du modèle « 70 pieds » et armés de deux torpilles, furent délivrés par Elco (Electric Boat Company, fondée par le père des sous-marins américains modernes, John Holland), allongés ensuite à 77pieds pour y placer quatre torpilles. 12 modèles ASM (PTC1-12), construits en parallèle, furent envoyés à la Royal Navy en lend-lease. La firme Elco produisit ensuite la série PT20 à 68, de 80 pieds, qui deviendraient son standard. Le PT109 faisait partie de la troisième série, PT103 à 196, et il y en eut 6 autres, les PT314 à 367 et 372-383, et juqu’à 790, soit 400 exemplaires au total jusqu’en 1945. Ils étaient construits en bois, afin de combiner la légèreté avec la facilité de construction et de contribuer à la préservation des matériaux stratégiques.

Leur armement initial comprenait 4 tubes lance-torpilles, plus tard éliminés. On leur préféra les torpilles aériennes plus légères à gyroscope se mettant à l’eau depuis les berceaux latéraux, et 4 mitrailleuses lourdes calibre 50 (12,7 mm) en postes doubles. Cette armement fut relevé avec un canon de 40 et un de 37 mm AA, parfois même 1 ou 2 de 20 mm Oerlikon, dont la puissance d’arrêt était largement supérieure. Ces canons ont également servi souvent à un appui au sol, en mitraillant la végétation de la rive. En ce sens, beaucoup se virent ajouter 2 lance-roquettes de 12 tubes de 114 mm, puis de 127 mm en 1944, avec parfois quatre ensembles de ce type, qui venaient se rajouter à des canons de 20 mm à la place des postes doubles de 12,7 mm, et un mortier de 60 mm que l’on pouvait débarquer au besoin. Enfin, tous avaient à la poupe un ou deux casiers ASM comprenant 10 grenades au total et parfois deux mortiers sans recharges, ou plus souvent 2 à 4 grenades latérales en berceaux.

Beaucoup de ces unités étaient camouflées pour correspondre au milieu, dense en végétation. Toujours au chapitre « décoratif », leurs équipages aimaient peindre des « gueules de requin  » à la poupe, d’autres étaient plus inspirés par les pin-ups et personnages de cartoons tirés des habitudes des équipages de bombardiers. Mais ces frasques esthétiques se trouvaient souvent en contradiction avec les directives officielles dont le respect était assuré par des commandants d’unités plus ou moins tolérants…

Ils avaient également un tirant d’eau leur permettant des patrouilles fluviales, et beaucoup combattirent les troupes Japonaises a l’intérieur même des théâtres d’opérations terrestres. A bien des égards, ces « PT-Boats » furent une bonne école pour définir ensuite les PBR en pastique de la guerre du Viet-Nâm.

Les Elco étaient les plus connus, les plus répandus et aussi les mieux armés de ces séries de PT-Boats. En 1944, un prototype à grande puissance de feu fut construit, le « Thunderbolt » équipé d’un poste de 20 mm Oerlikon quadruple à l’arrière, semblable à celui qui équipait certains Half-Track servants à la DCA.

Photo : http://www.globalsecurity.org/

 

Spécifications techniques (Elco 80 footers, 1942)

Déplacement 4 t. Pleine Charge
Dimensions 24,38 m long, 6,30 m large, 1,60 m de tirant d’eau
Machines 3 hélices, 3 mot. ess. 1050 cv.
Vitesse maximale 39 nœuds
Blindage Aucun
Armement 4 torpilles de 457 mm, 1 canon de 40, 1 canon de 37, 1 de 20, 4 ML de 12,7 mm AA (2×2), 2 grenades ASM, 2×12 LR 127 mm
Équipage 17

 

Les PT produits par Higgins, à la nouvelle-Orléans, furent 215 unités, du PT71 au PT808, mais avec nombre d’annulations. Il s’agissait de modèles plus courts mais aussi larges. Avec également 1,60 m de profondeur, leur coque était habitable, vaste et profonde. Ils pouvaient parcourir 500 nautiques à 20 nœuds. En 1944, Higgins produisit le prototype « Hellcat » (PT564) allégé, en aluminium, mais il ne pouvait recevoir d’armement lourd et ne fut pas suivi.

 

Spécifications techniques (Higgins 78 footers, 1944)

Déplacement 52 t. Pleine Charge
Dimensions 23,93 m long, 6,12 m large, 1,60 m de tirant d’eau
Machines 3 hélices, 3 mot. ess. 1050 cv.
Vitesse maximale 39 nœuds
Blindage Aucun
Armement 4 torpilles de 457 mm, 1 canon de 40, 3 de 20 mm AA, 2 grenades ASM, 2×12 LR 127 mm
Équipage 17

 

Les PT produits par Vosper en grande-Bretagne, en 1944-45, furent 137 exemplaires, plus petits, moins rapides mais avec plus d’autonomie en patrouille (570 nautiques à 20 nœuds). Ils avaient deux tubes lance-torpilles afin de revenir plus à un rôle anti-navire. Les Huckins enfin étaient plus petits et larges et ne donnèrent pas satisfaction. 16 exemplaires seulement furent construits en 1942 (PT95 à 102 et PT255 à 264.).

 

Spécifications techniques (Vosper 72 footers, 1945)

Déplacement 45 t. Pleine Charge
Dimensions 22,10 m long, 5,87 m large, 1,68 m de tirant d’eau
Machines 3 hélices, 3 mot. ess. 3375 cv.
Vitesse maximale 38,75 nœuds
Blindage Aucun
Armement 2 TLT de 533 mm, 2 canon de 20, 2 de 12,7 mm AA, 4 grenades ASM
Équipage 10-12