Libye

Dates : 26 mai – 21 juin 1942.

Ayant eu l’intention de lancer une offensive en direction de la Tripolitaine, le général britannique Auchinleck comptait se servir de la ligne fortifiée de Gazala comme appui, mais le général Rommel contourna ses positions et s’ouvrit ainsi la route vers Tobrouk et le reste de l’Égypte.

Carte de la bataille de Gazala

Carte de la bataille de Gazala

 

Forces en présence

Petit tour d’horizon des forces en présence : les forces de l’Axe, composées par la Panzerarmee-Afrika (Armée blindée allemande d’Afrique), étaient commandées par le général Erwin Rommel, lui-même sous les ordres du Comando Supremo Italien. Cette armée comprenait 3 divisions allemandes (2 blindées), et 6 divisions italiennes (une blindée), totalisant 560 chars, 530 avions et 113 000 hommes. Côté allié, les généraux britanniques Neil Ritchie et Claude Auchinleck, respectivement à la tête de la VIIIème armée, soit 6 divisions dont 2 blindées comportant elles-mêmes 900 chars, 600 avions et 125 000 hommes, et des forces britanniques au Moyen-Orient.

L’« Opération Crusader » de fin 1941 avait réussi à repousser la coalition menée par Rommel jusqu’à la frontière ouest de la Cyrénaïque, atteignant la ligne El Agheila-Marada le 6 janvier 1942. Le général Ritchie stabilisa son front à la hauteur de Adjedabia avec ses divisions, en plus de la 1ère division blindée, qui disposait de 150 chars. De son côté, Rommel avait reçu des renforts par mer, soit 200 chars supplémentaires, dont 89 Italiens, portant leur nombre à 760.

L’avancée foudroyante de l’Afrikakorps

Le 21 janvier 1942, il attaqua en envoyant deux colonnes de blindées vers l’ouest, une longeant la côte, l’autre coupant à travers le désert. Le 22, il conquiert Ajdabiya, et prit Msous le 25, provoquant la retraite précipitée de la 1ère division blindée britannique. Attaquée de flanc, la 4ème division hindoue dut se replier elle aussi, ce qui entraîna la prise de Benghazi par les Allemands le 29 janvier. Le 3 février, Rommel, qui avançait de 42 kilomètres par jour, atteignit Gazala, mais la consommation monstrueuse de ses Panzers l’empêcha de continuer par manque de carburant. Auchinleck ordonna alors à Ritchie de replier ses troupes derrière la ligne fortifiée de Gazala, pour préparer une contre-offensive.

Durant quatre mois, la VIIIème armée et la Panzerarmee-Afrika se regardèrent en chiens de faïence, mais sans passer à l’acte. Pendant ce temps, sur la ligne Gazala-Bir Hakeim, le général Ritchie plaçait ses troupes. Entre Gazala au nord et Sidi Mouftah au centre, il déploya le 13ème corps d’armée mené par le général Gott, et le 30ème corps d’armée du général Nourrie entre Sidi Mouftah et Bir Hakeim. À Bir Hakeim même, il installa la 1ère brigade française libre du général Kœnig. Le « renard du désert », ainsi qu’on avait surnommé Rommel en raison de son avancée foudroyante (grâce à ses blindés) jusqu’au 3 février, n’attendait que le moment propice pour lancer son attaque, le 26 mai au soir. Le 27, les Italiens donnèrent l’assaut à la bande côtière et le box (centre de résistance autonome) de la 150ème brigade, qui se trouvait près de Sidi Mouftah.

Bir Hakeim fut contourné par le sud par le groupe de Panzers de l’Afrikakorps et le 20ème corps motorisé italien, soit plus de 10 000 véhicules. Ils éliminèrent au passage les 3ème et 7ème brigades motorisées, ainsi que la 4ème brigade blindée, s’emparant de Retma, et repoussant la 22ème DB vers Knightsbridge.

Mais les Français de Bir Hakeim bloquèrent l’avancée de la division « Trieste » italienne, qui ne réussit pas à ouvrir une brèche à Sidi Mouftah pour permettre le réapprovisionnement en carburant des chars de Rommel. Le 27 mai 1942, Rommel, coupé de ses arrières et à court de carburant et d’eau, décida de tenter autre chose. Il lança sa 90ème DL vers El Adem, et ses deux Panzers vers Tobrouk. Mais il ne réussit pas à percer, et, le 29, il renonça à prendre Tobrouk avec les 240 chars qu’il lui restait (les Britanniques en avaient alors 420). Il attaqua la 150ème brigade britannique par l’est, grâce à la tactique classique mais toujours efficace de la tenaille, et rejoignit la division Trieste, qui attaquait de l’ouest. Le 1er juin le box de Sidi Mouftah tomba.

L’opération « Aberdeen »

Ayant réussi à isoler Bir Hakeim, il envoya un détachement blindé la 90ème DL, mais ils ne rencontrèrent qu’une ville vide, Kœnig ayant fait évacuer sa brigade dans la nuit. Les 5 et 6, Ritchie lança l’opération « Aberdeen », offensive qui connut un certain succès puisque 150 chars lourds et 50 légers furent détruits. Le 11, Rommel et ses 125 chars étaient toujours en infériorité numérique par rapport aux 330 chars britanniques, ce qui ne l’empêcha pas de lancer une attaque contre la 50ème DI, positionnée au sud de Gazala. Les 11 et 12 juin, 2 brigades blindées britanniques furent encerclées. Le 13, les forces de l’Axe prirent El Adem et Knightsbridge. Ayant déjà perdu 200 chars, Ritchie réalisa un plan de retraite qui fut approuvé par Auchinleck le 14.

La 50ème DI se retira par le sud en contournant Bir Hakeim, et la 1ère DI en suivant la côte. Le 17, Rommel prit Sidi Rezegh. Le 18, le quartier général de la VIIIème armée partit vers Solloum, en Égypte. Tobrouk, qui était défendue par la 2ème DI sud-africaine, fut investie le même jour, et capitula le 21. 33 000 hommes furent faits prisonniers par les Allemands, qui firent au passage une razzia sur les vivres et le matériel, emportant 10 000 mètres cubes de victuailles et 5 000 tonnes d’équipements. Suite à cette victoire d’autant plus brillante qu’il était en infériorité numérique et que ses ressources étaient très limitées, Rommel fut nommé maréchal par Hitler, et Ritchie fut remplacé par Auchinleck.

Le 25 juin 1942, Rommel atteignit Marsa-Matrouhn et, le 30, il arriva à 100 kilomètres d’Alexandrie. Les Allemands avaient perdu 60 000 hommes (tués et blessés), et les Alliés 88 000.